Implant multifocal réfractif
Justification de l’aberrométrie pour l’étude des implants multifocaux.
L’aberrométrie permet l’étude de la qualité optique de l’oeil de manière détaillée, ce qui constitue un avantage certain pour les yeux opérés de cataracte avec implant multifocal. En particulier, l’étude des implants multifocaux de type réfractif est particulièrement avantageuse. Le principe même de ces implants repose sur l’induction d’une multifocalité, c’est à dire une variation de la puissance réfractive de l’oeil au sein de la pupille. En pratique, l’oeil est à la fois « myope » (pour voir de près) et « emmétrope » (pour voir de loin). L’aberrométrie permettant justement de révéler les fluctuations de la puissance réfractive localement au sein de l’aire pupillaire, il est donc aisé de concevoir l’intérêt de ce type d’exploration, en particulier quand les patients opérés avec implant multifocal réfractif présentent des symptômes visuels, ou une insatisfaction (impression de ne pas bien voir de loin et/ou de près).
L’aberromètre OPD SCAN III permet de représenter les fluctuations locales de la puissance optique de l’oeil (carte OPD); ces cartes sont légendées en dioptries, et sont particulièrement adaptées pour visualiser le type de multifocalité réfractive induit par un système optique. Elles montrent en effet directement les variations de la vergence, au sein de l’aire pupillaire.
Les variations de puissance réfractive induite par les implants multifocaux de type réfractif sont « continues ». On passe de zones plus courbes (plus convergentes, vision de près) en zones moins courbes (moins convergentes, vision de loin).
En revanche, les déphasages induits par la lentille multifocale diffractive ont une fréquence trop élevée pour être mesurée par un aberromètre classique. Cela dit, l’utilisation d’une longueur d’onde infra rouge par ces instruments permet dans une certaine mesure de s’affranchir d’une partie des effets provoqués par le réseau diffractif (ordre 1, 2, etc.) et à défaut de révéler la multifocalité propre aux implants diffractifs, l’étude d’un front d’onde oculaire peut être utile pour estimer par exemple la présence d’un astigmatisme, d’une aberration de type coma, etc.
Implant multifocal réfractif: étude aberrométrique
Voici deux exemples d’étude aberrométrique après implantation multifocale réfractive (chirurgie de la cataracte: remplacement du cristallin par l’implant multifocal), avec l’implant Rezoom (AMO). Sur cet implant multifocal réfractif, les zones correspondant à la vision de loin et à la vision de près alternent de manière concentrique (l’optique de l’implant possède une symétrie de révolution, contrairement à l’implant Oculentis M2 par exemple).
Le premier patient (oeil 1), présentait une performance visuelle jugée satisfaisante sans correction. Le second (oeil 2) était au contraire insatisfait, à la fois en vision de loin et de près. Ils nous a été adressé pour une évaluation aberrométrique de la qualité optique de son oeil. Il est intéressant de noter que dans les deux cas, la mesure par autoréfractométrie était proche de l’emmétropie. Toutefois, l’autoréfractomètre est conçu pour fournir l’estimation de la correction à apporter à un oeil « monofocal », et non multifocal (dans ce dernier cas, une moyenne ou une interpolation est effectuée pour la mesure de la réfraction).
Voici la carte obtenue après mesure par l’OPD SCAN III :
Détaillons la carte OPD (variations de la réfraction dans la pupille, évaluation de la multifocalité induite par l’implant. Noter le parallélisme avec les variations présentes à la surface de l’implant. Sur cette carte, les zones de puissance positive (hypermétropie locale) sont en couleurs froides, les zones de puissance négative (myopie locale) sont en couleurs chaudes.
Le second patient (oeil 2), ayant reçu le même implant, était globalement insatisfait, signalant voir « flou » sans lunettes à toutes les distances, en particulier en vision de près (besoin de lunettes d’addition 1.75 D pour voir 10/10 de près). Voici sa carte générale obtenue par examen OPD scan III : on retrouve un pattern global proche de celui obtenu avec le premier patient.
Examinons la carte OPD en détail :
Il est intéressant de comparer les cartes OPD obtenue avec le même implant, dans deux yeux différents :
Seul l’aberromètre couplé au topographe permet d’étudier la répartition spatiale dans la pupille, et de poser le diagnostic d »erreur réfractive liée au calcul de l’implant (calcul biométrique malheureusement indisponible, le patient 2 ayant été opéré dans un autre centre) . Dans ce contexte, les cartes OPD ont plus d’intérêt que des cartes de front d’onde, qui sont plus difficiles à interpréter. Dans le cas de l’oeil 2, il est licite de proposer à la patiente la réalisation d’une chirurgie réfractive (LASIK), destinée à corriger l’hypermétropie centrale.
Les implants multifocaux réfractifs disponibles sur le marché ont des designs optiques différents. L’implant réfractif multifocal M-flex (Rayner), dispose d’une répartition différente de celle de l’implant AMO Rezoom: les zones dédiées à la vision de près ont un pourtour circulaire et sont localisées au centre de l’optique et et en moyenne périphérie. Les zones dédiées à la vision de loin (moins puissantes), occupent un anneau paracentral et plus périphérique.
L’implant Oculentis M-plus possède un design optique asymétrique: les zones dédiées à la vision de près occupent deux secteurs, situés en paracentral inférieur (voir exemple sur cette page).
Quelque soit le design optique qu’ils utilisent, ces implants ont en commun l’utilisation de zones distinctes pour la vision de loin, la vision de près, et les « raccords » entre ces zones assurent l’existence d’une vision intermédiaire. Plus que leur localisation, le pourcentage de lumière destiné aux différentes zones réfractives dépend plus de la surface optique occupée au sein de l’aire pupillaire.
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