Carte différentielle- topographie cornéenne
Principes et intérêt des cartes différentielles en topographie cornéenne
Une carte topographie différentielle permet de comparer de manière objective des examens topographiques réalisés de manière successive dans le temps. Quand on cherche à comparer deux examens successifs, il est souvent plus facile de réaliser une carte différentielle que d’observer successivement chacun de ces examens. La réalisation d’une carte différentielle revient simplement à effectuer une soustraction des données quantitatives de deux cartes réalisées à un moment différent.
Le sens de la soustraction peut être fait indifféremment entre l’examen le plus récent et le plus ancien, ou l’inverse, au prix d’un changement de signe pour les données représentées.
Intérêt des cartes différentielles en topographie
La possibilité de réaliser et visualiser une différence entre des examens successifs confère une dimension « dynamique » à la topographie cornéenne. Elle possède surtout une valeur diagnostique importante dans des contextes cliniques variés:
-trancher entre évolution ou stabilisation d’un kératocône,
-distinguer entre décentrement et ectasie post LASIK
-objectiver une régression cicatricielle au niveau de la cornée après chirurgie réfractive (LASIK/PKR)
Les cartes différentielles sont donc extrêmement utiles pour réaliser des analyses à des temps différents pour une même cornée.
Selon le même principe, les cartes différentielles réalisées entre des cartes moyennées peuvent s’avérer utiles pour comparer différents groupes de population.
Commet obtenir une carte différentielle en topographie cornéenne?
Tous les topographes modernes ont un logiciel autorise à effectuer une « différence », ou soustraction entre deux examens réalisés à un moment différent. En revanche, toute réalisation d’une carte différentielle impose que les deux examens qui vont être comparés soient du même type, c’est à dire représente la même variable topographique : courbure axiale, pachymétrie, élévation, etc.
Pour effectuer une différence, il faut en général :
1) sélectionner les examens à comparer (le choix s’effectue selon les dates des examens considérés)
2) choisir un « sens » pour la soustraction (généralement, on réalise la soustraction dans le sens: plus récent – moins récent)
3) choisir une échelle adaptée pour bien objectiver les différences calculées (cette étape est automatique ou facultative sur certains topographes).
La soustraction entre les cartes dérivées de l’acquisition de données de courbure, d’élévation ou d’épaisseur est réalisée de manière directe: en chaque point on effectue la soustraction entre la valeur de l’examen le plus récent, et le moins récent; on obtient alors une nouvelle carte ou chaque point correspond à une valeur qui est correspond à la différence entre les valeurs de chacune des cartes ayant servi à la calculer.
Pour les cartes différentielles de courbure, les valeurs soustraites sont dioptriques (kératométrie, dioptries de courbure) et la différence nette est ensuite représentée à une échelle de pas et d’amplitude appropriée.
Les cartes différentielles issues des données de courbure peuvent également être réalisées en mode instantané, moyen, etc.. Le mode axial est particulièrement intéressant pour objectiver une variation de la toricité cornéenne centrale (astigmatisme cornéen). Le mode instantané est plus sensible aux variations de l’asphéricité cornéenne, et aux variations de courbure périphériques (évolution du kératocône, etc.).
Conditions pour réaliser des cartes différentielles de bonne qualité
Pour être interprétables, les cartes doivent être correctement alignées et centrées sur un même point.
Le vertex est le point utilisé pour les cartes différentielles de courbure issues de la topographie en mode Placido (courbure axiale, tangentielle, etc.). Le centre géométrique de la cornée sert lui à la réalisation de cartes différentielles d’élévation.
Comme la topographie d’élévation repose sur le calcul d’une surface de référence, les comparaisons entre différentes cartes doivent être faites avec soin car la valeur d’un point d’élévation est toujours relative à la surface de référence calculée. Le choix du protocole d’ajustement est donc important. En particulier, les comparaisons pré et postopératoires doivent aussi être faites avec soin en raison de la probabilité de références incohérentes et des défauts d’alignement ultérieurs possibles.
Applications des cartes différentielle
Les principales applications cliniques des cartes différentielles sont :
– évaluer l’évolution d’une pathologie ectasiante (kératocône, kératocône fruste) : les cartes de courbure axiale, instantanée, cartes de pachymétrie cornéenne sont à même de révéler des modifications qui peuvent être difficile à visualiser par la simple comparaison visuelle entre deux examens topographiques
– quantifier l’effet d’un traitement photoablatif laser (PKR, LASIK), incisionnel (incisions relaxantes pour correction de l’astigmatisme), ou additif (segments intra cornéens). Les cartes de courbure axiale sont les plus pertinentes pour révéler la modification de la toricité cornéenne (astigmatisme). Les cartes d’élévation permettent de visualiser les modifications spatiales induites par le traitement photoablatif
– effet de l’ablation de points de sutures cornéens
– suivi dans le temps de phénomènes cicatriciels, inflammatoires, dégénératifs intéressant la surface cornéenne : cartes de courbure (axiale et instantanée) , carte pachymétriques.
– effectuer le diagnostic différentiel entre une ectasie post LASIK et un décentrement (la constatation d’une accentuation de l’asymétrie caractérise l’évolution d’une kératectasie) ou un astigmatisme induit (l’augmentation progressive d’un astigmatisme irrégulier après LASIK doit faire éliminer une ectasie induite).
– valeur l’effet d’une incision cornéenne en chirurgie de la cataracte: cartes de courbure axiale pour la recherche d’une modification de la toricité cornéenne. L’induction d’un aplatissement périphérique en regard de l’incision est souvent mieux perçu en représentation de la courbure instantanée.
– étudie les modifications topographiques provoquées par la chirurgie cornéenne.
– objectiver la réduction d’un « corneal warpage » après interruption du port de lentilles rigides perméables à l’oxygène.
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