Topographie cornéenne: cartes de courbure
Topographie spéculaire de la cornée
Les premières cartes obtenues en topographie étaient des cartes de courbure; le calcul de la courbure était réalisé à partir de l’étude informatisée du reflet d’un disque ou d’une coupole de Placido. Ce motif est constitué d’une alternance d’anneaux sombres et brillants. La cornée est comparable à un miroir convexe, dont il est possible de calculer la courbure en étudiant l’image numérique obtenue par la réflexion de la lumière émise par le disque de Placido. Le patient fixe le centre de la coupole (le centre des anneaux). Les anneaux clairs du disque sont illuminés (ils correspondent aux anneaux blancs observés sur l’image enregistrée). L’examen est centré sur le reflet cornéen central ( image de Purkinje I ). Un algorithme mathématique permet de calculer la courbure locale (plusieurs milliers de points) de la cornée à partir du déplacement relatif sur l’image des anneaux concentriques.
Topographie de courbure
A chaque fois que l’on interprète une carte topographique cornéenne de courbure (que cette courbure soit axiale, tangentielle ou moyenne), il faut toujours se remémorer que l’on regarde en fait des « rayons de courbure ». Les cartes en échelle millimétriques attribuent en général une couleur d’autant plus chaude (orange, rouge) que les rayons de courbure mesurés sont petit (et donc que la cornée y est plus courbe localement). A l’inverse, les couleurs froides (bleu) correspondent à des zones moins courbes. L’utilisation de cartes en rayon de courbure est naturellement préférée en contactologie, quand il s’agit de guider le choix du rayon d’une lentille d’essai. Au sommet de la cornée, le rayon de courbure est généralement compris entre 7.2 mm (cornées cambrées) et 8.4 mm (cornées plates), avec une moyenne proche de 7.8 mm dans une population saine. L’étude de la forme spatiale (tri dimensionnelle) de la cornée relève de la topographie d’élévation.
En chirurgie réfractive, les cartes de courbures sont le plus souvent légendées en dioptries… qui est plutôt une unité dédiée à la mesure du pouvoir optique (vergence). La courbure cornéenne du sommet de la cornée est généralement comprise entre 40 D (cornées plates) et 47 D (cornées cambrées).
Une augmentation localisée de la courbure cornéenne antérieure, en particulier quand elle se situe dans la moitié inférieure de la surface cornéenne, peut traduire l’existence d’un kératocône débutant. La topographie de courbure spéculaire est un examen très sensible pour mesurer les variations de la courbure cornéenne antérieure.
Les dioptries en topographies de courbure correspondent elle pour autant à une carte de la vergence de la cornée? Non! En tous les cas pas sur l’intégralité de la surface cornéenne.
Dioptries de courbure vs dioptries de vergence
Quand l’échelle d’une carte de courbure est en dioptries, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit de « dioptries de courbures », et non de dioptries de puissance optique. Ces dioptries sont certes calculées comme l’inverse du rayon de courbure (exprimé en mètre) multiplié par la différence entre l’indice kératométrique (égal à 1.33) et l’indice de l’air (égal à 1). Au voisinage du sommet de la cornée (et seulement à cet endroit), les dioptries de courbure sont égales aux dioptries de puissance optique, à condition de mesurer une cornée « standard », dont on présume que la cornée postérieure à une courbure proportionnelle à la cornée antérieure.
En moyenne, la face postérieure réduit la puissance optique de la cornée antérieure d’environ 10% (ceci est lié au gradient d’indice de de réfraction négatif entre humeur aqueuse et stroma cornéen). L’indice kératométrique est un indice minoré (l’indice de réfraction physique réel du stroma cornéen est proche de 1.376). Ce choix est destiné à compenser l’absence de mesure de la face postérieure de la cornée : en effet, quand on utilise la valeur n=1.33 au lieu de n=1.376, on obtient une puissance optique réduite d’environ 10%.
Pourquoi ce choix d’un indice minoré, destiné à rendre plus réaliste un calcul de puissance optique, pour le calcul du rendu de cartes de courbure ? Ceci remonte à l’époque où il existait pas de méthode clinique simple pour mesurer la courbure de la face postérieure de la cornée (et donc d’en meurer la puissance optique). Il faut de ce fait rester attentif à ceci : les cartes axiales ou instantanées légendées en dioptries sont des cartes de courbure, et non de puissance optique. Pour obtenir une carte de puissance optique cornéenne, il faut choisir une représentation en « puissance réfractive ».
Ainsi, pour une carte de courbure, une zone représentée par des couleurs « chaudes » est simplement une zone ou la courbure est plus importante (les rayons de courbure y sont plus petits). Inversement, une zone de couleurs plus froides est une zone où la courbure est moindre (les rayons de courbure sont plus grands).
Une erreur fréquente consiste à extrapoler la représentation tri dimensionnelle de la cornée à partir des informations de courbure ; visualiser les zones rouges comme des sommets ou des bosses, et les zones bleues comme des creux ou des vallées conduit à une interprétation erronée. Il est naturel d’appréhender une carte topographique ainsi : en effet, le propre de la topographie est de représenter une « forme », et non des données de courbures. Mais l’histoire de l’exploration cornéenne veut que la topographie « de courbure » a précédé la topographie d’élévation, et instauré un code de représentation colorimétrique emprunté à la topographie terrestre, ou les couleurs chaudes correspondent à des zones «plus élevées », et non « plus courbées ». Ainsi, les cartes de courbures ne montrent que… la courbure.
La représentation de la puissance optique de la surface antérieure de la cornée est fournie par les cartes de puissance réfractive de la cornée. Celles-ci sont obtenues grâce à un « ray tracing » virtuel sur la surface cornéenne.
En savoir plus sur:
la cornéela géométrie de la cornée
le pouvoir optique de la cornée
les indices de dépistage du kératocône
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