Diffraction
Définition, généralités
La diffraction lumineuse est un phénomène optique lié aux propriétés ondulatoires de la lumière: les effets de la diffraction ne peuvent être expliqués par l’optique géométrique. La diffraction survient quand les ondes lumineuses traversent une pupille ou rencontrent un obstacle. Au niveau des bords de ceux-ci, les ondes lumineuses sont « diffractées », émises dans des directions que l’optique géométrique et les lois de la réfraction ne pourraient seules prédire. La diffraction repose sur des phénomènes d’interférence constructive et destructive entre les ondes lumineuses, et est de fait « longueur d’onde dépendant ».
Les phénomènes de diffraction de la lumière visible peuvent être observés dans certaines conditions, quand un faisceau de lumière blanche est réfléchi par une structure comportant des motifs répétitifs, qui, en diffractent la lumière incidente, séparent les trains de longueur d’onde différente.
La prise en compte de la diffraction est importante pour l’étude approfondie des propriétés réfractives de l’oeil, car la diffraction impose une limite au pouvoir de résolution oculaire (acuité visuelle). Les effets de la diffraction peuvent être utilisés pour concevoir des optiques particulières pour les implants utilisés en ophtalmologie, comme les optiques diffractives utilisées pour la chirurgie de la cataracte (ex : implant diffractif bifocal ou trifocal pour la chirurgie de la cataracte). La diffraction lumineuse est également impliquée dans certains phénomènes visuels rares, observés après LASIK (rainbow glare), ou après chirurgie de la cataracte (stries lumineuses)
Diffraction et interférences
La diffraction est caractérisée par une déviation des rayons lumineux par rapport à la direction du trajet prévu par les lois de l’optique géométrique. La diffraction s’observe dès qu’un front d’onde lumineux rencontre un obstacle qui ne lui est pas complètement transparent:elle découle de l’aspect ondulatoire de la lumière, et peut être interprétée comme un phénomène d’interférence intéressant un nombre infini d’ondes. Pour comprendre la diffraction, il faut rappeler certains principes propres à la conception ondulatoire de la lumière, au premier plan desquels le principe de Huygens.
La lumière réémise à les mêmes propriétés que si elle avait été émise par une source ponctuelle unique, qui acquiert alors une certaine cohérence spatiale (les ondes émises depuis cette source arrivent « en phase » sur un récepteur ou obstacle distant). Cette propriété a été utilisée dans la célèbre expérience dites des « fentes » (ou « trous ») de Young qui marque une étape importante dans l’histoire de l’étude de la lumière. L’arrivée d’ondes en phase (après diffraction par un premier trou) au niveau de l’écran percé des fentes permettait d’accroître la visibilité des interférences produites au delà des fentes.
La figure suivante représente les directions selon lesquelles surviennent les interférences constructrices (ordres de diffraction) et destructrices.
Explication géométrique des interférences (expérience de Young)
L’origine des phénomènes observés s’explique donc par la survenue d’interférence entre les ondes diffractées par les trous.
Diffraction et oeil
En ce qui concerne l’oeil, le bord de la pupille irienne est la principale source de diffraction pour la lumière qui contribue à la formation de l’image rétinienne : physiologiquement, les effets de la diffraction sont négligeables tant que le diamètre pupillaire est supérieur à 2 mm environ. En deçà d’un millimètre, la diffraction pupillaire résulte en une dégradation notable de l’image rétinienne; toutefois, elle a comme corollaire une augmentation de la profondeur de champ. La pose d’un implant Kamra (néo pupille de 1.6 mm) permet d’augmenter la profondeur de champ de l’oeil, sans induire de dégradation majeure de la qualité de l’image rétinienne.
La diffraction détruit le stigmatisme rigoureux de l’optique géométrique, un œil optiquement parfait possède un stigmatisme rigoureux ; l’image d’un point est un point, où se rencontrent tous les rayons propagés à travers l’œil En optique ondulatoire, la diffraction limite la qualité optique de l’œil, et ce d’autant plus que le diamètre de la pupille est petit (myosis). En l’absence d’aberrations optiques, la diffraction provoque un élargissement de la tâche focale rétinienne, qui devient plus large que l’image d’un point source infinitésimal. Ainsi, l’image d’un point n’est jamais un point ; mais une tâche qui correspond à un « étalement » lumineux. En plus de l’incontournable diffraction, cet étalement peut être accentué par la présence d’aberrations optiques. Il existe une fonction qui permet la représentation de l’étalement de l’énergie lumineuse correspondant à l’image d’un point source sur la rétine : la fonction d’étalement du point (FEP), plus communément désignée sous l’acronyme PSF (Point Spread Function).
Quand l’oeil est dépourvu d’aberrations optiques (situation théorique), seule la diffraction réduit le stigmatisme. La tache focale possède un aspect de tache d’Airy: un pic central lumineux entouré d’anneaux plus sombres. On peut prédire le diamètre du pic central en utilisant un peu de géométrie et un raisonnement relativement simple. Pour simplifier, on peut représenter non pas la pupille comme un disque mais comme une fente, en 2 dimensions.
On comprend intuitivement que lorsque la lumière rencontre un motif répétitif, constitué d’obstacles, ou de motifs répétés dont les dimensions sont relativement proches de celles de la longueur d’onde, des phénomènes interférentiels vont donner lieu à une distribution particulière de l’énergie lumineuse propagée (ou réfléchie). Ceci est mis à profit pour la réalisation des implants diffractifs multifocaux (dont les marches mesurent quelque microns): pour un implant bifocal, l’espacement des marches est calculé pour que la lumière diffractée dans l’ordre 1 soit dirigée vers un foyer correspondant à une addition utile pour la vision de près (vergence additionnelle : ex: +3D). Le design et la hauteur des marches diffractives ne permettent que de contrôler la répartition de l’énergie entre les ordres de diffraction. Le design d’un motif trifocal de diffraction repose sur les mêmes principes, appliqués de manière plus subtile.
On réalise ainsi que la longueur d’onde influe sur la direction de diffraction. Celle-ci est plus importante pour les grandes longueurs d’onde (rouge) que pour les courtes (bleu). Ainsi, la diffraction induit une déviation des couleurs opposées à celle de la réfraction (pour laquelle ce sont les courtes longueurs d’onde qui sont les plus déviées).
Dans la vie courante, on peut observer des effets de diffraction comme les reflets irisés de la face gravée d’un disque compact, qui relèvent d’un phénomène similaire: les angles selon lesquels on observe les couleurs correspondent à des angles de diffraction maximale par le réseau de diffraction (constitué à par la succession de creux et de bosses) pour chaque longueur d’onde ; la lumière qui éclaire le disque doit bien sûr être polychromatique (lumière blanche).
La diffraction influe moins que la présence d’aberration de haut degré sur la qualité de l’image rétinienne, du moins pour les diamètres de pupille courant (la diffraction prédomine pour un diamètre inférieur à 2 mm). Le calcul de la Point Spread Function (Fonction d’étalement du point) tient compte de la diffraction. En plus de permettre le calcul de la résolution théorique maximale des systèmes optiques (dont l’œil), l’étude de la PSF et son utilisation pour simuler l’image rétinienne d’un motif plus complexe qu’un simple point revêtent une importance particulière dans certaines circonstances cliniques.
Après opération cataracte et pose d’un implant mono focal, mon oeil droit voit flou de loin, de près c bien, est ce un problème de diffraction? mon oeil G souffre d’une lésion rétinienne de naissance (toxoplasmose) donc je compense ma vision avec mon œil droit, mais voilà depuis l’opération je vois flou de cette oeil. Que faire? Merci pour votre réponse
Très intéressant
Pour les activités qui sollicitent quasi exclusivement la vision de loin, le choix d’un implant monofocal dont la puissance est calculée pour que l’oeil opéré puisse voir net de loin sans lunettes est conseillé. Et ce pour les deux yeux dans le cas du tennis.
Bonjour, je suis un joueur de tennis , je pratique la compétition et dans ma catégorie d’âge , j’ai 74 ans je suis dans les meilleurs joueurs français. Je joue actuellement avec des lunettes pour voir de loin. En salle quand il n’y a pas de soleil ma vue est correcte et cela me permet de jouer normalement. En plein air , dès qu’il a du soleil et pas de fond derrière mon adversaire , je suis en difficulté car je ne vois pas où beaucoup moins qu’en salle la balle partir de la raquette de mon adversaire et de ce fait je suis bien évidemment en retard pour me placer sur la balle. Voilà je vous dis tout cela parceque je vais me faire opérer de la cataracte des deux yeux et je voudrais savoir quel implant choisir pour maîtriser cette situation , monofocal ou multifocal. En extérieur le soleil doit provoquer un phénomène de diffraction ? Pouvez vous me conseiller , on ne voit aucun article concernant les implants et le tennis notamment. Merci pour une réponse.
Toute les perceptions de séparation de couleur ne sont pas liées à la diffraction (ex: les effets prismatiques des verres de lunettes quand on regarde vers le bord). En optique visuelle, le Rainbow glare, qui est un effet indésirable du femto LASIK , dans une certaine mesure certains plis (capot ou capsule du cristallin) qui provoquent des stries lumineuses irisées relèvent de ce phénomène.
Bonjour Docteur,
Votre article est très intéressant, d’autant plus que peu d’ophtalmologues semblent connaitre le phénomène de la diffraction. En effet, je rencontre ce problème de séparation des couleurs et personne ne peut m’aider.
Pouvez vous m’aider?
Un grand merci par avance pour votre réponse